Atlas climatique version 2 : Pourquoi les chiffres ont-ils changé?

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Si vous êtes un utilisateur régulier de l’Atlas climatique, vous avez probablement remarqué que les données climatiques apparaissant sur la carte et ailleurs sur le site ont récemment changé.

La raison est que l’Atlas utilise maintenant un nouvel ensemble de données plus étoffé pour faire des projections climatiques. Cet ensemble est fourni par le Pacific Climate Impacts Consortium (PCIC). Les nouvelles données contiennent vingt-quatre modèles climatiques (deux fois plus que dans la version précédente de l’Atlas) et ont été créées à l’aide d’une méthode statistique appelée BCCAQv2 laquelle offre d’importantes améliorations par rapport à la méthode DSCB. (Si cela vous intéresse, notre page « Données et méthodes » donne des informations plus techniques.) Cette transition permet à l’Atlas climatique de se comparer avantageusement avec d’autres sites internet traitant du climat national tel que donneesclimatiques.ca.

En raison de cette mise à jour, plusieurs des valeurs extrêmes et moyennes présentées dans l’Atlas et dans nos divers rapports ont quelque peu changé. C’est important de noter que cela ne signifie pas que les valeurs antérieures étaient erronées et qu’elles ne sont plus pertinentes pour comprendre les changements climatiques. Les données BCCAQv2 et les anciennes données DSCB mettent toutes les deux en lumière des tendances de réchauffement et des modèles régionaux homogènes. Quelques différences de détail existent entre les deux ensembles de données mais les conclusions que l’on peut en tirer sont davantage semblables que différentes.

Plusieurs raisons ont motivé le changement des valeurs.

Davantage de modèles climatiques

En climatologie, on utilise habituellement plusieurs modèles climatiques pour analyser les changements climatiques futurs puisqu’aucun modèle climatique unique ne peut être considéré étant le « meilleur ». Chaque modèle a ses propres forces et faiblesses. (Consultez notre page « Les modèles climatiques » pour plus d’informations.)

En comparant les résultats de plusieurs modèles, les climatologues peuvent voir où les modèles sont en accord et en désaccord. Pour des variables telles que la température, les modèles s’entendent presque toujours sur la direction du changement (réchauffement) mais plus souvent encore ils ne s’entendent pas sur l’ampleur du changement (quel niveau de changement).

En doublant le nombre de modèles utilisés pour créer les cartes de l’Atlas climatique, nous espérons déterminer la direction des changements climatiques avec un plus haut degré de confiance grâce aux données. Par contre, nous pouvons également nous attendre à découvrir une plus grande variation entre les modèles les plus chauds et les plus froids (les plus pluvieux et les plus secs) qu’auparavant lorsque nous utilisions deux fois moins de modèles. Ces changements d’extrêmes se reflèteront aussi dans les valeurs moyennes changées.

Sensibilité des extrêmes

Un changement en apparence modeste du climat d’une localité (par exemple sa température moyenne) peut entrainer un changement majeur quant au nombre d’évènements extrêmes (comme le nombre de jours de plus de 30 °C). Pourquoi?

Les extrêmes sont par définition rares. La plupart du temps, le climat se tient près de la moyenne. Mais lorsque le climat se réchauffe, la « nouvelle moyenne » se rapproche du seuil de ce qu’on considérait être un évènement « extrême », c’est-à-dire que beaucoup plus de jours risquent maintenant d’être comptabilisés étant extrêmes.

Par exemple, regardez le tableau suivant qui présente seulement deux des vingt-quatre modèles climatiques utilisés dans l’Atlas :

Scénario : RCP8.5 (« Fortes émissions de carbone »)

Lieu : Winnipeg, Manitoba

Période future : 2051-2080

Modèle Hausse de la température annuelle moyenne Augmentation du nombre moyen de jours de +30 °C par année
GFDL-ESM2M +2.6 °C +13
bcc-csm1-1 +4.4 °C +33

Ces deux modèles s’entendent pour dire que la température annuelle moyenne à Winnipeg augmentera avec ce scénario; cependant ils sont en désaccord quant à l’ampleur du changement. La petite différence de la température moyenne projetée, une différence de seulement1,8 °C engendre une très grande différence quant au nombre de jours très chauds pour cette localité. Le modèle bcc-csm1-1 prévoit que Winnipeg connaitra un mois supplémentaire de ces jours très chauds soit plus que le double que ce que prévoit l’autre modèle. Cette augmentation considérable est la conséquence directe d’un changement relativement petit de la valeur moyenne. Cet exemple illustre également pourquoi cela peut être utile de prendre en considération la valeur moyenne de plusieurs modèles climatiques pour saisir leur niveau d’accord global quant à l’ampleur des changements projetés.

Ajouter plus de modèles climatiques à l’Atlas climatique augmente très souvent la fourchette totale des projections auxquelles on peut s’attendre en cliquant sur la carte. Et, comme nous venons de le démontrer ici, même de très petites différences de la moyenne peuvent engendrer de très importants changements des extrêmes.

Nouvelle méthode de mise à l’échelle

Les données que nous utilisons dans l’Atlas climatique portent le nom un peu étrange de BCCAQv2.

BCCAQv2 est le nom raccourci (acronyme) d’une méthode de « mise à l’échelle » statistique avancée. (Vous pouvez en apprendre plus sur cette méthode en consultant notre page « Données et méthodes ».) Le PCIC utilise cette méthode pour prendre les projections brutes des modèles climatiques globaux et les rendre utilisables sur une échelle locale d’où le nom mise à l’échelle. Plusieurs méthodes de mise à l’échelle sont utilisées. Le PCIC a évalué plusieurs d’entre elles et a déterminé que BCCAQv2 est l’une des meilleures pour les Canadiens.

Cette méthode de mise à l’échelle diffère grandement de la méthode utilisée dans la première version de l’Atlas climatique. L’ancienne méthode, appelée DSCB, est beaucoup plus simple. Bien qu’elle ait fait un bon travail (elle était capable de mettre les valeurs moyennes à l’échelle locale lorsque de longues périodes de temps étaient utilisées), on a pu démontrer qu’elle réussissait beaucoup moins bien à convertir les extrêmes climatiques sur des périodes plus courtes. La nouvelle méthode BCCAQv2 a vu le jour spécifiquement pour réduire le plus possible l’effet de cette carence bien connue.

La méthode BCCAQv2 permet de calculer des valeurs climatiques qui ne pouvaient l’être avant. Elle nous donne aussi un degré de confiance plus élevé quant aux valeurs liées aux précipitations qui se trouvent dans l’Atlas. Utiliser une méthode de mise à l’échelle apporte également une variabilité inhérente aux différences entre les deux ensembles de données des modèles climatiques.

Que devrais-je faire si les chiffres que j’utilisais dans ma communauté ont changé?

Les valeurs projetées à l’aide des données de la méthode DSCB se trouvant dans la version 1 de l’Atlas sont encore pertinentes et peuvent être utilisées avec confiance pour comprendre le changement et s’y préparer. Les nouvelles données BCCAQv2 représentent une importante amélioration en ce qui a trait à la méthode et elle peut être privilégiée, surtout lorsqu’on travaille avec les précipitations.

C’est important de noter que chaque ensemble de données est uniforme à l’interne mais ces ensembles ne peuvent être facilement comparés les uns aux autres. Ainsi c’est préférable de ne pas mélanger les chiffres d’une version avec ceux de l’autre version.

Puisqu’aucun modèle climatique unique ne peut être considéré étant le « meilleur », aucune méthodologie unique ne pourra jamais remédier aux changements climatiques futurs et en faire un seul chiffre… le « meilleur » pour votre collectivité. La climatologie évolue (en utilisant des modèles climatiques plus détaillés et plus puissants) et ainsi en sera de même de notre capacité à remédier aux impacts des changements climatiques futurs.

Nous espérons que cette mise à jour vous aidera ainsi que votre communauté :

  • En augmentant la confiance en la direction que prendront les changements climatiques futurs grâce à l’utilisation d’un plus grand nombre de modèles climatiques;
  • En réussissant mieux à résoudre les changements futurs dans des conditions d’extrêmes climatiques en utilisant une méthodologie de mise à l’échelle plus avancée;
  • En améliorant la confiance en ce qui concerne les changements de précipitation projetés en cernant des modèles temporels détaillés de précipitation.

Au Prairie Climate Centre, notre objectif est sans cesse de rester à l’affut des moindres avancées de la recherche afin de fournir aux Canadiens les informations les plus actuelles possible. Ensemble nous espérons continuer à tracer le portrait le plus clair possible de ce que l’avenir nous réserve afin que nous puissions tous passer collectivement du risque à la résilience.