Forêts urbaines et changements climatiques

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Dans le cadre de son travail de forestière urbaine pour la ville de Winnipeg, Martha Barwinsky parle des arbres à bien des gens. « Les gens adorent les arbres », dit-elle en riant. Plusieurs personnes lui racontent « des histoires cool sur les arbres : ils se souviennent de cet arbre, ils disent avoir grimpé cet autre arbre ou que leur grand-père a planté un arbre et maintenant ils cueillent des pommes de ce même arbre ».

Depuis quelques années, les villes reconnaissent de plus en plus l’importance d’un couvert forestier urbain en santé comme une part essentielle et précieuse de la vie urbaine. Plusieurs raisons convaincantes existent pour lesquelles les gens et les villes adorent les arbres.

Barwinsky mentionne des bénéfices pratiques et tangibles à avoir un couvert forestier urbain en santé, incluant « des coûts de climatisation réduits, des dépenses énergétiques globales réduites. » Elle affirme que les arbres contribuent à contrecarrer les effets des îlots de chaleur urbains, gardant ainsi nos villes plus fraîches. Ils aident également à contrôler l’écoulement des eaux de ruissellement, ce qui réduit la pression mise sur les infrastructures de drainage tout en aidant à empêcher l’érosion des berges. [1], [2]

Elle indique également qu’il y a « aussi beaucoup d’avantages intangibles tels aider notre bien-être psychologique, notre bien-être social et la structure sociale de nos communautés ». Des recherches récentes suggèrent que les arbres sont bénéfiques pour notre santé physique et mentale et favorisent une meilleure cohésion communautaire ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie. [2], [3]

Tout ceci fait des forêts urbaines un atout essentiel face aux changements climatiques. Confrontés à des températures à la hausse et à la menace d’une hausse des événements météorologiques extrêmes, les forêts urbaines et les espaces verts peuvent améliorer le bien-être et la santé, agir comme tampon lors d’événements météorologiques dangereux ou de chaleurs extrêmes, et promouvoir la résilience communautaire tout en nous aidant à réduire nos dépenses en matière de climatisation et d’infrastructures municipales. [3]

Malheureusement, les changements climatiques représentent aussi de grands défis en matière de santé de nos forêts urbaines. Barwinsky émet une mise en garde quant à la gravité de la menace : « Quand les gens perdent quelque chose, c’est à ce moment qu’ils réalisent sa valeur. Ne nous rendons pas au point où nous réaliserons ce que nous avons perdu. »

Les forêts urbaines sont déjà difficiles à gérer : une ville canadienne typique n’est pas un endroit accueillant pour plusieurs espèces d’arbres et les pratiques forestières urbaines sont coûteuses et requièrent beaucoup de main-d’œuvre.Les changements climatiques rendent ces défis actuels pires, mais ajoutent également de nouveaux problèmes troublants.

Il suffit de regarder l’été 2018 à Winnipeg pour comprendre. La ville a connu 26 journées où la température était de 30 °C ou plus, ce qui est un record depuis 1988 (alors qu’il y a eu 34 journées aussi chaudes. [4], [5] Les projections climatiques démontrent que cette chaleur inhabituelle sera probablement la « nouvelle normalité » dans le futur. [6] Ceci aura des conséquences durables sur les arbres. Barwinsky mentionne qu’«  il y a un certain nombre d’espèces d’arbres qui vont souffrir. Ils auront des difficultés à passer au travers de ces chaudes températures et ces conditions de sécheresse ».

Ceci aura des conséquences durables sur les arbres. Barwinsky mentionne qu’«  il y a un certain nombre d’espèces d’arbres qui vont souffrir. Ils auront des difficultés à passer au travers de ces chaudes températures et ces conditions de sécheresse ». [4] Barwinsky constate clairement les effets de la sécheresse chez certaines espèces d’arbres de la région. Mais elle mentionne également que ce ne sont pas tous les impacts qui seront immédiatement apparents, puisque « les arbres ne montrent pas nécessairement les effets de ces changements immédiatement ; cela peut prendre cinq ans, cela peut prendre dix ans ».

Barwinsky constate clairement les effets de la sécheresse chez certaines espèces d’arbres de la région. Mais elle mentionne également que ce ne sont pas tous les impacts qui seront immédiatement apparents, puisque « les arbres ne montrent pas nécessairement les effets de ces changements immédiatement ; cela peut prendre cinq ans, cela peut prendre dix ans ». [7][8] On le retrouve aussi maintenant à Winnipeg. [9] Barwinsky dit que « là où normalement certains de ces ravageurs envahisseurs peuvent être incapables de survivre à nos hivers, et particulièrement notre période végétative, avec les changements climatiques, ils pourraient commencer à survivre et nous aurons de la difficulté à les contrôler ». Des climats plus chauds permettent aux insectes de se reproduire et de se propager plus rapidement, mais des conditions chaudes et sèches imposent également un stress aux arbres réduisant leur capacité de se défendre contre les ravageurs et les infections. [10]

Les forestiers urbains relèvent le défi des changements climatiques en partie en ajustant leurs plans de gestion afin qu’ils tiennent compte du climat changeant. Par exemple, Barwinsky établit qu’actuellement « lorsque nous plantons des arbres, nous les arrosons durant les deux premières années afin qu’ils s’enracinent solidement. Par la suite, ils sont laissés à eux seuls. Il est possible que dans le futur nous devions arroser ces arbres pendant une période plus longue ». Elle rapporte également que la ville a mis sur pied un programme afin de retirer rapidement les arbres infectés afin de faire face à la menace grandissante des ravageurs envahisseurs.

Mais protéger la santé des forêts urbaines nécessite une planification à long terme ainsi qu’une gestion de crise à court terme. Un des aspects les plus exigeants de la planification requise pour faire face aux dangers des changements climatiques est de connaître les menaces imprévisibles (comme l’arrivée de l’agrile du frêne) qui surgiront probablement. Barwinsky affirme que la meilleure stratégie pour faire face à l’inattendu est d’accroître la diversité de la forêt urbaine. Elle mentionne qu’en foresterie urbaine « il y a toujours eu une tendance à créer des monocultures d’espèces d’arbres spécifiques qui survivent très bien dans un environnement urbain. Mais nous devons continuer à nous éloigner de cette mentalité de monocultures ».

Des changements de mentalité sont primordiaux pour faire face aux changements climatiques. Comme le mentionne Barwinsky, « la chose la plus importante est que nous devons reconnaître ce qui se passe actuellement. Nous devons reconnaître les faits et nous devons savoir que nous devons changer ce que nous faisons actuellement. Ceci serait un grand pas ». Apprécier l’impact de ces changements climatiques sur nos arbres, et apprécier à quel point ces arbres sont précieux pour faire face aux changements climatiques, constitue la clé pour passer à l’action à court terme et cultiver la résilience à long terme.

Le changement d’attitude doit être adopté par toutes les parties prenantes, les politiciens et les citoyens qui bénéficient des avantages des forêts urbaines. Après tout, la majorité des arbres de Winnipeg sont sur des terres privées, ce ne sont donc pas les forestiers de la Ville qui en prennent soin. Selon Barwinsky, « la Ville de Winnipeg ne peut pas tout faire. Des partenariats sont nécessaires pour faire passer le message et aider les gens à comprendre le défi auquel nous faisons face ».

Les groupes communautaires et les associations de résidents ont toujours été fort intéressés à la santé des arbres et à leur entretien, et ils représentent un moyen pour les citoyens et le personnel de la ville de collaborer en matière d’éducation et d’action. L’équipe de Barwinsky fait également des programmes de sensibilisation dans les écoles et constate « qu’il y a plus grande sensibilisation au sein de la prochaine génération » sur l’importance et la valeur des arbres. Un effort collectif et l’éducation combinés à des programmes gouvernementaux dirigés et bien financés sont essentiels pour préserver et développer nos chères forêts urbaines qui sont si nécessaires en présence de changements climatiques.

Nos villes se porteront beaucoup mieux si elles ont des couverts forestiers florissants en santé. [11] Les avantages que procurent les arbres deviendront plus précieux dans tous les sens du terme (promouvoir la résilience de la communauté, améliorer la santé, le bien-être et fournir des avantages économiques aux simples citoyens et à tous les niveaux du gouvernement) alors que notre climat continue à changer. [12]

References

  1. Arbre Canada. https://arbrescanada.ca/ressources/recueil-des-meilleures-pratiques-de-gestion-des-forets-urbaines-canadiennes/
  2. Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. “Guidelines on urban and peri-urban forestry.”
  3. Service canadien des forêts et le Department of Forestry, UBC. The Social and Economic Values of Canada’s Urban Forests: A National Synthesis.
  4. Winnipeg Free Press. “The long, hot summer: Winnipeg had 26 days of 30 C or more — the most since 1988.”
  5. CBC News. “Record setting hot dry summer takes toll on Winnipeg trees”
  6. L’Atlas climatique du Canada. Winnipeg, MB: Very hot days (+30°C) (RCP 8.5).
  7. The Toronto Star. “Bug 1, Tree 0: Most of Toronto’s ash trees expected to die by 2017.”
  8. Edward R. Wilson and Sandy M. Smith (Faculty of Forestry, University of Toronto). “All that is Green is not Gold: The Emerald Ash Borer (EAB) Invasion of Toronto’s Urban Forest, Canada”
  9. City of Winnipeg. “Emerald Ash Border (EAB)”.
  10. Ressources naturelles Canada. « Changements climatiques : impacts »
  11. Green Infrastructure Ontario Coalition. Urban Forests.
  12. Anika Terton. Building a Climate-Resilient City: “Urban ecosystems”
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